donner à l'alefpa twitter de l'alefpa facebook de l'alefpa instagram de l'alefpa youtube de l'alefpa linkedin de l'alefpa viadeo de l'alefpa indeed de l'alefpa

Les Invisibles de la santé

En décembre 2019, la Fonda, laboratoire d’idées au service du monde associatif publiait une tribune sur les « invisibles de la santé ». Elle y mettait en avant des inégalités d’accès aux soins et présentait des actions exemplaires pour les dépasser.
A l’ALEFPA aussi nous sommes en première ligne pour renforcer l’accessibilité aux soins, c’est ce que nous faisons par exemple dans nos accueils des mineurs non accompagnés ou à Osséja sur l’obésité, comme le présente ce dossier. Et nous savons que la santé commence bien avant la maladie et qu’il faut agir sur tout, le logement, l’environnement, l’école, le travail, pour réduire les inégalités de santé. La Covid 19 nous a renforcés dans cette certitude : les populations les plus pauvres, les moins bien logées, les plus vulnérables ont été les plus touchées. Mais la Covid 19 nous a appris autre chose :  les invisibles de la santé, ce sont aussi tous ceux qui dans l’ombre prennent soin de nous, ceux qui approvisionnent les supermarchés, nettoient nos déchets, accueillent les plus faibles, ceux qui nous protègent. Ceux-là, celles-là ne sont pas restés confinés, ils et elles ont pris des risques pour nous et nous les avons applaudis tous les soirs.
Et ceux-là, celles-là, c’est aussi nous, l’ALEFPA et ses équipes présentes dans nos établissements quoi qu’il arrive. C’est formidable ! Bravo !


Chantal de Singly,
Vice Présidente de l'ALEFPA

Obésité : Agir avec l'enfant, dans son environnement

L'obésité affecte la santé des enfants, adultes en devenir, et constitue une source de discrimination qui les éloigne des soins. En Occitanie, l'ALEFPA œuvre à améliorer leur santé et leur accès au soin.

 

L'obésité, maladie chronique génératrice de comorbidités graves, atteint un nombre croissant d'enfants. Elle est devenue une priorité du ministère de la Santé qui y consacre depuis 2010 un plan d'action national. Il vise notamment à améliorer l’offre de soins et promouvoir le dépistage chez l’enfant, à mobiliser les partenaires de la prévention, agir sur l’environnement et favoriser l’activité physique mais aussi à prendre en compte les situations de vulnérabilité et lutter contre les discriminations.

La médicalisation croissante de l’obésité n’a pas modifié les préjugés et croyances ancrés dans les mentalités, qui tendent à vulnérabiliser et stigmatiser les personnes en obésité : jugements et reproches (esthétique, responsabilité du patient dans sa maladie, corpulence et occupation de l’espace). Cela concerne notamment les enfants dont la personnalité est en construction. Des séquelles psychiques durables peuvent en résulter, qui persisteront à l’âge adulte. Ces regards et jugements s’ajoutent à une fragilité intrinsèque de la personne obèse liée à son image d’elle-même et sa faible estime de soi. Il est donc nécessaire que les efforts de prise en charge de l’enfant obèse interviennent au plus tôt dans la vie de l’enfant et au plus près de la cellule familiale.


Discrimination


Les équipes médicales et éducatives multidisciplinaires des structures sanitaires de l’ALEFPA du Pôle pédiatrique de Cerdagne (Pyrénées-Orientales), centre spécialisé de l’obésité, prennent en charge des enfants et adolescents concernés. Ce Pôle assume les objectifs de santé publique et de lutte contre les difficultés d’accès aux soins. Ses deux structures, l’une en montagne (à Osseja) avec une hospitalisation complète sur des durées variables (15 jours à un an), l’autre près de Perpignan pour une prise en charge de proximité en hospitalisation de jour (HDJ), sont complémentaires. Leurs équipes visent une prise en charge paramédicale et éducative. Elles ciblent la réadaptation diététique (éducation thérapeutique diététique, atelier cuisine, réapprentissage du goût et de la satiété) pilotée par un.e diététicien.ne et le ré-entraînement à l’effort (fréquentation de la salle de fitness, du gymnase, excursion en pleine montagne ou littorale) sous le regard d’un.e enseignant.e en activité physique adaptée.

Le soutien psychosocial constitue le troisième pilier de la prise en charge. Il permet aux enfants les plus en difficultés de bénéficier du suivi de la part de psychologues, orthophonistes, psychomotriciennes ou même ergothérapeutes pour les obésités massives. L’objectif n’est pas seulement un résultat immédiat (perte de poids et amélioration de la condition physique) mais, plus complexe, l’induction d’un changement durable et stable du comportement de l’enfant au retour dans sa famille. C’est en ce sens que les actions conjuguées de l’hôpital de jour de Cabestany et du pôle d’Osseja sont primordiales.


Précieux réseaux


Les équipes médicales correspondent étroitement avec quatre réseaux de premier recours qui permettent aux enfants obèses d’être dépistés et de leur être orientés. Ces efforts de communication facilitent l’accès aux soins de familles fragiles, contournant leurs réticences ou leurs craintes. Les caractéristiques géographiques urbaines de l’hôpital de jour portent l’effort de soins de l’ALEFPA au plus proche du patient, au cœur de la cité. Elles lui permettent une action de fond sur l’environnement familial puisqu’un parent participe aux repas thérapeutiques. Cette association de la famille est un levier puissant sur l’évolution de l’obésité : la participation familiale aux activités (intégration au quotidien de recette de cuisine, accompagnement de l’enfant en activité physique adaptée, etc.) va induire le changement comportemental attendu dans le cadre familial. Cette structure qui a ouvert ses portes en été 2018 est jeune mais a déjà de belles réussites à son actif.


Jean-Pascal Saulnier, médecin coordonnateur, Pôle pédiatrique de Cerdagne, Osseja (Pyrénées-Orientales)

Accueil des MNA : priorité à la santé !

A Lille, le DAHMNA (Dispositif d’accueil et d’hébergement des Mineurs Non Accompagnés) place la santé au rang de priorité dans l'accompagnement des jeunes et en fait un outil d'accès aux droits.

 

Les conditions d’exil des Mineurs Non Accompagnés, aux parcours migratoires complexes ont impacté leur santé, à la fois sur le plan physique et psychique. à leur arrivée en France, ils ont besoin de pouvoir accéder rapidement à des soins, mais pas seulement. Le DAHMNA de Lille, qui accueille en appartements 50 adolescents de 16 à 18 ans, les accompagne dans cette voie.
 
Définir et construire le parcours de soin pour chaque jeune.
Lors de l'accueil d'un jeune dans le service, notre priorité est de répondre à ses besoins immédiats de santé. En partenariat avec l’Institut Pasteur de Lille, un bilan complet est réalisé. Cette première étape permet à chaque jeune d’avoir une « photographie » personnelle de sa santé et de faire de la santé un enjeu de travail personnel. Ce bilan permet aussi aux professionnels d’identifier rapidement les besoins individuels et prioritaires de chaque jeune et d’initier l’accompagnement santé en orientant très vite vers des professionnels de santé. Une fiche personnalisée de soin est mise en place afin d’assurer un suivi régulier.

Eviter la rupture de parcours : rendre les jeunes acteurs de leur santé.  
La question du soin, globale, intègre l’accès, le soin et la gestion de la vie quotidienne. Les éducateurs travaillent avec les jeunes la gestion du quotidien qui comprend entre autre l’entretien des logements et l’hygiène. Notre objectif vise à sensibiliser chacun à l’importance du « prendre soin » et du « bien-être » pour soi. Cette prise de conscience permet de rendre les jeunes acteurs de leur santé. Des ateliers collectifs et participatifs sont également organisés. En 2019, les jeunes scolarisés en filière cuisine  ont animé une action autour de la conservation des aliments, via les connaissances acquises durant leur formation. Cela valorise les parcours des uns et apporte plus d’impact à notre démarche de prévention en terme d’hygiène alimentaire.

La question du soin concerne l’accès aux droits et les éducateurs veillent à favoriser celui des jeunes en matière de santé, notamment dans les démarches et le suivi de la protection maladie (Couverture Maladie Universelle). La question de la santé révèle des mécanismes complexes liant blocages administratifs et difficultés à trouver un soutien psychologique adapté. Le parcours santé est donc d’autant plus important dans le projet personnalisé du jeune qu’il constitue une des conditions nécessaires à la réalisation de son projet d’intégration sociale et professionnelle, notamment l’anticipation de sa sortie de la Protection de l’enfance.

Anticiper la sortie et ancrer les jeunes sur le territoire.
La santé dépasse l’accompagnement par le service. Dans un objectif de continuité et en perspective de sasortie du dispositif, tout est fait pour que le jeune s’approprie son parcours de soin. Le service développe donc des partenariats avec les acteurs du territoire. Nous avons conclu une convention avec Espace fraternité. Cette association, créée par 10 pharmacies lilloises, travaille avec un réseau de professionnels de santé qui accompagne les personnes vulnérables dans leur accès aux droits, notamment via l’outil numérique (démarches CPAM sur internet par exemple). Une stagiaire du DAHMNA intervient lors de permanences dans les locaux d’Espace fraternité, deux fois par semaine. Cette logique de coopération permet de créer et pérenniser le lien avec les jeunes du service. Ils identifient donc Espace Fraternité comme une ressource sur le territoire qu'ils pourront solliciter à leur sortie et pour continuer à être accompagnés dans leurs démarches en matière de santé. Une prise de conscience renforcée par la crise sanitaire liée au Covid-19.


Charlotte Setrin,
chef de service DAHMNA à Lille

Revenir