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Un vécu professionnel quotidien à Mayotte, une réalité qui fait réfléchir

Avez-vous déjà fait face à une situation professionnelle qui accapare toute votre attention, et vous laisse sans voix ?

Je vais vous faire voyager dans ma vie professionnelle, et vous faire découvrir, vous ouvrir les yeux sur la dure réalité que vivent les familles concernées par le polyhandicap à Mayotte?

Fin 2021, j'ai intégré l’ALEFPA en tant que service civique, pendant 8 mois.

Et durant ces 8 mois, j'ai entendu, j'ai vu pour la première fois et appris autant sur l'enfant en situation de polyhandicap.

Premier contact avec eux, j'en ai eu les larmes aux yeux. Je crois que je n'ai jamais été autant triste que ce jour-là, jamais été autant captivé et préoccupé par une situation qu'en cet instant précis.

J'ai failli renoncer et rompre mon contrat. Mais je l'ai pas fait et j'en suis très fier, car l'être humain à tendance à fuir la réalité.

Cette réalité, aussi amère soit-elle, je l'ai acceptée.

J'ai voulu réagir différemment, apporter mon soutien.

A la fin de mon service civique, j'ai eu la chance et l'envie de continuer cette mission d’accompagnement des enfants polyhandicapées et leur famille grâce au nouveau contrat qui m'a été proposé, à savoir un contrat PEC de 1 an.

J'ai donc continué à m'enrichir et à grandir davantage dans la structure. Nous n'avons pas d'établissement d'accueil pour le moment (un projet de construction est en cours), les interventions se font à domicile. Nous intervenons en binôme, dans presque tous les villages de l'île, et souvent dans les bidonvilles.

Sur une île, ou la délinquance croît et se répète de jour en jour, où l'insécurité règne, où plus personne ne se sent en sécurité, chaque lundi nous nous rendons au domicile des enfants polyhandicapés avec la crainte et la boule au ventre, dans les hauts de Majicavo, dans des maisons en toiles étroites dans lesquelles la chaleur est insupportable.

Ces logements insalubres abritent mère, enfants ordinaires et au moins un à deux enfants en situation de polyhandicap dont les pères sont absents.

Nous y rendons pour voir et accompagner les enfants et les familles, dans des endroits isolés dont l’accès est difficile, fréquenté par ces individus que l'on croise souvent avec une armée de chiens.

Et chaque jeudi nous allons au fin fond du village de Bouyouni, où il faut traverser la rivière à pieds et où rien ne garantit et n'empêche les agressions d'éclater à tout moment.

Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres, et ce n’est pas mieux dans d'autres zones bien sûr.

Mais j'aimerais souligner ici l'importance et l'engagement des mères vis-à-vis de leur enfant. Même si parfois elles semblent être dépassées, elles tiennent le coup. Peu importe les difficultés, le nombre d'enfants, la situation financière, elles n'abdiquent pas pour autant, alors que les pères prennent la fuite.

A toutes ces femmes, je leur dis qu’elles sont l'espoir de la vie et l'équilibre du monde. Instruire une seule femme, c'est éduquer tout l'humanité. Elles doivent persévérer dans cette voie, l’ALEFPA, avec tous ses professionnels est là pour les accompagner afin de répondre aux mieux à leurs attentes.

Pour vous situer, nous sommes implantés dans le village de Bandrelé dans le sud de l’Ile, et la majorité des personnes accompagnées qui figurent dans notre planning, vivent dans les communes du nord et de Mamoudzou.

Nous avons des voitures de service qui nous permettent de faire les déplacements, mais beaucoup de notre temps, nous échappe dans les embouteillages.

Comment vous faire comprendre que parfois les choses qui vous touchent profondément, finissent par réparer votre vision ?

Aujourd'hui, grâce à l'envie et à ma détermination à aider, j'ai signé un contrat de travail dans l’Equipe mobile SAYIDIWA, en tant qu'auxiliaire éducatif et sportif.

Et j'aime à penser que depuis j'exerce le plus beau métier au monde, un travail pour lequel j'interviens auprès d'un public vulnérable et demandeur, plus que d’autres, je me sens utile d'être contact direct, à la rencontre des familles.

Écouter leur ressenti, les accompagner, les orienter ainsi me rendre visible, à tel point qu'elles sachent que je suis un point d'appui sur lequel elle peuvent compter, un professionnel qui parcourt village après village pour veiller autant que possible au bien-être de leur enfant polyhandicapé.

Je mène des activités telles que les accompagner à l’activité océanotherapie, les aider à écrire les lettres de leur prénom (ceux qui sont en capacité), à identifier les différentes couleurs, à réciter des chants, à écrire les mots simples. Je leur lis des contes, les promène en fauteuil dans le quartier (ceux avec un accès facile) etc...

Je finirai en disant que l'effort de quelqu'un est le reflet de son intérêt pour toi.

Évidemment la peur existe.

Mais le désir de travailler avec ces enfants en situation de polyhandicap est plus fort que la peur…

ANKILDINE,

Auxiliaire Educatif et Sportif au sein de l’Equipe mobile dédiée au polyhandicap SAYIDIWA

Lieu: Mayotte

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